...du second avènement du Christ, mais il n’est pas exclu qu’un certain laps de temps sépare la mort de l’Antéchrist de la fin du monde. C’était d’ailleurs l’opinion de l’Abbé Arminjon dans l’ouvrage Fin du monde présent et mystères de la vie future qui plaisait tant à sainte Thérèse. C’était aussi celle du R.P. Emmanuel dans le dixième article (janvier 1886) de l’étude à laquelle Noël fait référence ci-dessus :

Nous avons dit, et nous maintenons comme incontestable que la mort de l’Antéchrist sera suivie d’un triomphe sans égal de la sainte Eglise de Jésus-Christ. Les allégresses prophétiques de Tobie recouvrant la vue en même temps qu’il retrouve son fils, l’enivrante joie des Juifs à la chute d’Aman et de ses satellites, les transports des habitants de Béthulie, délivrés par Judith du cercle de fer qui les étreignait ; la purification du temple par les Machabées, vainqueurs de l’impie Antiochus ; enfin et surtout le calme et paisible triomphe de Job rétabli par Dieu dans tous ses biens, voyant accourir à ses pieds ses amis et ses parents repentants, les réunissant tous à un religieux banquet : toutes ces images expriment insuffisamment l’état de la sainte Eglise, ouvrant son cœur et ses bras maternels à ses ennemis comme à ses enfants, aux Juifs convertis comme aux hérétiques réconciliés, aux descendants de Cham comme aux fils de Sem et de Japhet, en un mot réalisant la grande unité achetée au prix du sang d’un Dieu, un seul bercail et un seul pasteur !

Assurément, et même dans cette période de triomphe, il y aura encore des méchants, des impies ; mais il est permis de penser qu’ils se cacheront, et qu’ils disparaîtront dans l’immensité de la joie publique.

Ces beaux jours ne dureront, hélas ! que le temps de pouvoir oublier les solennels événements qui les auront fait naître. On verra peu à peu la tiédeur succéder à la ferveur et ce passage insensible se fera d’autant plus vite, que l’Eglise n’aura pour ainsi dire plus d’ennemis à combattre.

Ces “beaux jours”, que plusieurs papes ont annoncé, pourraient correspondre au “certain temps de paix” annoncé par Notre-Dame de Fatima, mais il ne s’agit là encore que d’une conjecture. Le Père cite de son côté saint Thomas : “Avant que commencent à paraître les signes du jugement, les impies se croiront en paix et en sécurité, à savoir après la mort de l’Antéchrist, parce qu’ils ne verront pas le monde finir, comme ils l’estimaient auparavant.” (Suppl. Q. LXXI, art. I, ad 1.)

Cette hypothèse d’un temps de paix consécutif à la chute de l’Antéchrist était partagée par Mélanie, la voyante de la Salette (Lettre au Chanoine de Brand), et elle l’estimait même assez durable :

C’est une grande erreur que de vouloir fixer la fin du monde à l’époque de la fin de l’Antéchrist. Après la chute temporelle, ou corporelle de l’Antéchrist, l’Eglise s’épanouira, plus resplendissante que jamais. Tous les juifs restant en vie embrasseront la Foi ; tous les chrétiens ayant survécu seront renouvelés dans leur foi vivante ; il n’y aura hors de l’Eglise Catholique aucune religion ni secte et la paix la plus belle, la plus universelle régnera pour des siècles ; après quoi la foi se refroidira à nouveau …