Je n'ai pas consulté tous les fils de conversations, mais j'ai l'impression que personne n'a abordé la question de fond de la récente déclaration papale qui est la question du conseil du moindre mal. La note de la fsspX est très juste mais à côté de la plaque me semble-t-il puisque tout le monde est d'accord pour dire que la préservatif est un mal et que son usage est illicite. Mais est-il permis de le conseiller à quelqu'un qui est fermement déterminé à pécher?
Saint Alphonse de Liguori semble penser que oui :
"Appuyé sur l'autorité de saint Augustin, nous disons qu'il est probablement permis de conseiller un mal moindre pour en éviter un plus grand où va se jeter indubitablement le prochain, parce qu'alors celui qui conseille ne procure point le mal, mais le bien, en conseillant de choisir le moindre mal, quand bien même il serait d'une nature différente."
Et saint Alphonse de se baser sur un article de saint Thomas sur l'usure:
"Jamais il ne sera permis d'engager quelqu'un à prêter en exigeant des intérêts; mais quand un homme est disposé à faire des prêts de cette nature et ainsi pratique l'usure, il est permis de lui emprunter à intérêt; ceci en vue d'un bien, qui est de subvenir à sa propre nécessité ou à celle d'autrui.
C'est ainsi encore qu'il est permis à celui qui tombe au pouvoir des bandits de leur montrer ce qu'il possède, pour éviter d'être tué, bien que les bandits pèchent en le dépouillant. C'est ce que nous enseigne l'exemple des dix hommes tombés au pouvoir d'Ismaël et qui lui dirent: « Ne nous fais pas mourir, car nous avons des provisions cachées dans ce champ » (Jr 41,8) ." (IIa IIae, q. 78, a. 4)
Je suis quand même très gêné car le conseil est une des manières de coopérer au péché d'autrui. Fut-il moindre, le conseil d'un moindre mal est le conseil d'un mal tout simplement. C'est donc un scandale. Je ne comprends pas saint Alphonse de L. sur ce point car cela nous fait entrer dans le péché d'autrui, le scandalise (car il va penser que son acte est licite suite à nos paroles) et risque de le fermer à une conversion future que des paroles fermes auraient favorisé. Il est vrai que saint Alphonse suppose que la personne est déterminée absolument à pécher... Ainsi je me souviens qu'en cours les cas exposés (toujours à partir de St Alphonse) étaient du type : Quelqu'un va se venger en tuant une autre personne; peut-on lui conseiller alors qu'elle s'en va accomplir son crime de mutiler cette personne au lieu de la tuer ou de brûler sa maison et tous ses biens au lieu de lui ôter la vie? L'opinion probable donnée était positive. J'étais dubitatif et le suis encore.
Si un liseur a l'ouvrage de morale de l'abbé Perrenx sur cette question ou l'article qu'il a écrit dans la revue K il y a qq années, je suis preneur (mes livres et cours sont en carton...) |