Le mythe des "influences" islamiques de la cathédrale du Puy est une légende du XIXe siècle démontée depuis fort longtemps, entre autre par Erlande-Brandenburg, mais qui semble hélas avoir toujours un certain succès.

J'avoue ne pas vraiment savoir ce qui a pu conduire à ce raisonnement. S'il s'agit des coupoles de la nef qui ont été rajoutées postérieurement, ou de la bichromie des pierres que l'on retrouve pourtant à Vezelay, à la chapelle palatiale d'Aix-la-Chapelle (VIIIe siècle) et surtout dans nombre de basiliques romaines et d'églises byzantines datant d'avant l'apparition de l'Islam. A moins que cette influence ne soit le fait de la restauration totale (pour ne pas dire reconstruction) de Mallay de 1844 à 1888 qui n'a laissé d'originel que les deux dernières travées de la nef.
Il faut dire cependant, que le contexte politique était tout autre et que ces influences arrangeaient bien une nation engagée dans la colonisation de pays musulmans et des architectes diocésains de l'école rationaliste pour la plupart franc-maçon et anticléricaux (Viollet-le-duc et son école en son une parfaite illustration).

Il ne faut pas exclure une influence byzantine, mais très diluée dans des caractères romans et typiquement auvergnats et provenant sans doute de l'Italie du nord ou de l'Empire germanique plus que de Byzance même.

Enfin, il faut garder à l'esprit que l'architecture arabe n'existe pas en soi avant la moitié du Moyen Âge et que même après cela elle reste très tributaire de ses modèles occidentaux comme orientaux.

Les arabes sont en effet un peuple nomade sans architecture monumentale donc. Jusqu'au IXe siècle, leur architecture est une architecture purement romaine (ou byzantine) émanant des régions conquises anciennement byzantines comme la Syrie ou ils installent leur capitale (Damas).
Les mosaïques d'édifices comme le dôme du rocher ou la mosquée de Damas sont directement des oeuvres d'artisans byzantins. Et les caractéristiques que l'on identifie aujourd'hui comme arabes sont soit byzantin (comme la bichromie des pierres ou les coupoles sur trompes et pendentif) soit wisigothiques résultant de l'installation en espagne (comme les arcs outrepassés).

Voilà qui fait justice à cette légende bien génante aujourd'hui car si elle semble en apparence glorifier les arts arabes, elle est en réalité une oeuvre triomphale de l'entreprise colonisatrice de la France... Assez politiquement incorrect finalement non ?