Les archives du Forum Catholique
Forum | Documents | Liens | Q.F.P. | Oremus

Les archives du Forum Catholique

JUILLET 2003 A MARS 2011

Retour à la liste des messages | Rechercher

Afficher le fil complet

Le Dragon, la première Bête et la deuxième Bête Imprimer
Auteur : Jean Ferrand
Sujet : Le Dragon, la première Bête et la deuxième Bête
Date : 2010-03-19 20:34:41

2. Les Grandes énigmes de l'Apocalypse.

6. Le Dragon, la première Bête et la deuxième Bête.

Pour Prigent, et les exégètes, il ne fait aucun doute que le Dragon rouge feu d’Ap 12,3 ne soit le diable, ou Satan, ou le serpent des origines (celui qui tenta Eve). C’est affirmé explicitement par saint Jean : « Il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien qu’on appelle Diable ou Satan. » (Ap 12,9).

« Le serpent de la Genèse, ajoute Prigent, a pris la forme d’un dragon à sept têtes couronnées. Il a partie liée avec le pouvoir impérial totalitaire et donc idolâtre et persécuteur.» (L’Apocalypse, 1998, page 125). La remarque est assez juste. Il a partie liée, pour l’instant, avec le pouvoir impérial romain qu’incarnera la première Bête. Comme elle, il a sept têtes, et dix cornes, et sept diadèmes. (Cf. Ap 12,3 ; 13,1 ; 17,3).

Prigent identifie très justement la première Bête (d’Ap 13,1) à l’empire romain. Comme beaucoup, il voit dans les sept têtes, qui l’affublent, une succession d’empereurs. Mais il est intrigué par le mystère de cette tête blessée à mort et qui reprit vie, à l’imitation de l’Agneau. (Cf. Ap 13,3).

Pour l’expliquer, notre commentateur est obligé de recourir au mythe du Nero redivivus qui avait cours dans certains milieux païens, à la fin du premier siècle. Cette tête serait Néron, qui aurait survécu à son suicide, se serait réfugié en Orient, et reviendrait à la tête d’armées formidables. Mais cela suppose que les chrétiens du premier siècle se seraient laissé impressionner par cette rumeur, et que Jean lui-même y aurait ajouté foi.

C’est bien peu vraisemblable. Il est bien plus naturel de penser que cette tête blessée à mort, la première tête en vérité, n’est autre que César, le fondateur de la lignée impériale. Assassiné aux ides de Mars de l’an 44 avant notre ère, il ressuscite en quelque sorte en les personnes de ses successeurs qui reprennent tous son nom de César. Le Christ le dira lui-même en parlant de Tibère (la troisième tête) : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.» (Mc 12,17). Qui plus que César est le symbole du pouvoir impérial ? Il en est la personnification. Auguste lui-même se prévaudra toujours de la filiation adoptive qui le reliait au grand conquérant. Le mot d’Imperator, dont nous avons fait Empereur, faisait partie de la titulature militaire de Jules César. L’Imperator était le chef des armées. Le manteau rouge, ou pourpre, qui le distinguait, était un signe de ralliement dans les combats. Ce manteau rouge est encore porté de nos jours… par le pontife romain !

Quant à la deuxième Bête, qui se met au service de la première (cf. Ap 13,11-12), Prigent est encore plus embarrassé. « Si l’on cherche dans le monde de l’époque une réalité jouant ce rôle de serviteur des prétentions totalitaires de l’Empire, on pensera naturellement au culte impérial, à son clergé, à la religion qui le soutient et aux cultes locaux qui rivalisent à son égard de servile dévotion. » (L’Apocalypse, 1998, page 140). C’est bien vague.

C’est bien vague et cela s’accorde bien peu avec la solution qu’on devra donner à la fameuse énigme du 666, qui désigne sans aucun doute cette seconde Bête, et qui, sans aucun doute aussi, dissimule une personne précise : « C’est un nombre d’homme.» (Ap 13,18).

Cette seconde Bête n’est autre que l’empereur actuellement régnant, l’empereur persécuteur qui se met au service de César (le pouvoir impérial romain) et, par son intermédiaire, de Satan : Domitien, si l’Apocalypse a été écrite sous Domitien ; mais bien plus vraisemblablement Néron, si l’Apocalypse a été rédigée puis expédiée du temps de la persécution de Néron, ce que je pense.

En plus de son chiffre (on le verra plus loin), cette seconde Bête a tout de Néron. Alors que la première montait de la mer (cf. Ap 13,1) : l’empire romain, en effet, vu de Pathmos, semblait émerger de la mer, derrière l’horizon, cette seconde Bête monte de la terre (cf. Ap 13,11), car elle est tout simplement terrestre, comme tous les humains. Elle est un homme parmi d’autres. «Elle avaient deux cornes comme un agneau » (idem), en quoi elle ressemblait vaguement au Christ ( !), car le règne de Néron a commencé dans la douceur, sous la garde des deux précepteurs, Burrus et Sénèque. « Mais elle parlait comme un dragon » (idem) car elle a très vite adopté les mœurs cruelles, de l’empire comme de Satan qui l’anime. « Tout le pouvoir de la première bête, elle l’exerce devant elle. » (Ap 13,12). Car elle détient dans ses mains le pouvoir impérial romain. « Elle fait adorer par la terre et ceux qui y habitent la première bête dont la plaie mortelle a été guérie. » (Idem). Néron dresse des statues en l’honneur de Jules César et des empereurs romains, ses prédécesseurs, et leur fait rendre un culte dans tout l’univers soumis à Rome. « Elle accomplit de grands signes jusqu’à faire descendre un feu du ciel sur la terre devant les hommes.» (Ap 13,13). Néron pose des signes, comme en a posé le Christ ! Des prodiges, des prestidigitations de théâtre, de grands spectacles publics comme les aimaient les Romains. Des chantiers gigantesques qu’il entreprend, propres à étonner le monde, comme le percement de l’isthme de Corinthe. « Et nul ne peut acheter ni vendre s’il ne porte la marque, le nom de la bête ou le chiffre de son nom.» (Ap 13,17). Car nul ne peut commercer s’il ne détient pas dans sa main la monnaie romaine, qui porte inscrite l’effigie de César, et le nom de l’empereur régnant. Certains mêmes s’en affublent comme d’une parure. « C’est ici qu’il faut de l’intelligence ! Que celui qui a de l’intelligence calcule le chiffre de la bête.» (Ap 13,18). Mais nous ferons ce calcul un peu plus loin. (Post suivant.)

On avait déjà aperçu « la Bête qui surgit de l’Abîme » en Ap 11,7. On retrouvera cette deuxième Bête tout au long de l’Apocalypse. Elle sera désignée par la suite sous le nom de «faux prophète » : cf. Ap 16,13 ; 19,20 ; 20,10. Non contente d’imiter l’Agneau avec ses deux cornes (cf. Ap 13,11), elle singe aussi les prophètes de Dieu, Pierre et Paul, qu’elle vient de faire mettre à mort (cf. Ap 11,7). Or c’est l’empereur Néron, et personne d’autre, qui fut le meurtrier des apôtres Pierre et Paul.

Elle participera, cette deuxième Bête, au combat d’Harmaguedon, au moment de la sixième coupe (cf. Ap 16,12-16), quand les rois de l’Orient franchiront le grand fleuve Euphrate pour attaquer l’empire romain.

Elle sera capturée avec la première Bête lors du premier combat eschatologique (cf. Ap 19,19-21) et jetée avec elle dans les enfers, où on l’entreverra encore en Ap 20,10 : « Et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles.»

Mais revenons un instant à la première Bête avec ses sept têtes et ses dix cornes. « Il faut reconnaître, dit Prigent page 311, que les explications données plus loin par notre auteur (Ap 17,9-12) imposent pratiquement l’interprétation ‘romaine’. »

Si, comme nous l’avancions, la première tête frappée à mort et qui reprit vie ne peut être que César, le fondateur de la dynastie, alors la sixième tête, le sixième empereur, est sans aucun doute Néron. Or justement Jean nous dira au verset 17,10 que le sixième roi est encore vivant au moment où il écrit. On en conclut très logiquement que l’Apocalypse fut bien rédigée sous le principat de Néron, et même, plus précisément, pendant la persécution de Néron, vers les années 66-67 de notre ère. Comme nous l’écrivions dans Wikipédia : l’Apocalypse « n’aurait pas de sens si elle n’eût été expédiée, dans son intégralité, avant la chute et le suicide de Néron (chute et suicide auxquels elle ne fait aucune allusion). »

Tout concourt pour nous faire admettre que la péricope de la deuxième Bête (cf. Ap 13,11-18) nous donne le portrait et nous décrit l’activité de l’empereur actuellement régnant, et dans son acmé, au moment où Jean écrit, et qui ne peut être que Néron.


La discussion

 Pierre Prigent et l'Apocalypse, de Jean Ferrand [2010-03-09 13:35:25]
      Le plan de l'Apocalypse, de Jean Ferrand [2010-03-09 14:25:06]
      Le Millenium, de Jean Ferrand [2010-03-11 14:07:20]
      Les 24 anciens, les 4 animaux, et les 7 esprits, de Jean Ferrand [2010-03-12 20:59:02]
      Les deux Témoins, de Jean Ferrand [2010-03-14 18:48:35]
          Il semble pourtant..., de Athanasios D. [2010-03-14 19:04:39]
              Il n'y a pas, de Jean Ferrand [2010-03-14 19:23:20]
      Le petit livre et les sept tonnerres, de Jean Ferrand [2010-03-15 13:51:06]
      La Femme, de Jean Ferrand [2010-03-17 10:02:22]
      Le Dragon, la première Bête et la deuxième Bêt [...], de Jean Ferrand [2010-03-19 20:34:41]
      666, de Jean Ferrand [2010-03-19 21:14:17]
      Le sixième Roi, de Jean Ferrand [2010-03-20 09:31:58]
      3 ans et demi, de Jean Ferrand [2010-03-20 13:33:50]
      Les cent quarante-quatre mille, de Jean Ferrand [2010-03-20 16:41:19]
      La première résurrection, de Jean Ferrand [2010-03-21 08:32:32]
      Le second et dernier combat eschatologique, de Jean Ferrand [2010-03-21 14:23:52]
      Harmaguedon, de Jean Ferrand [2010-03-21 18:54:43]
      Gog et Magog, de Jean Ferrand [2010-03-22 12:18:45]
      Les sept Eglises, de Jean Ferrand [2010-03-23 11:44:37]
      Merci, de Personne [2010-03-24 11:42:26]
      Les sept sceaux, de Jean Ferrand [2010-03-24 14:53:06]
      Les sept trompettes, de Jean Ferrand [2010-03-24 21:46:58]
      Les sept coupes, de Jean Ferrand [2010-03-25 21:06:41]
      La Jérusalem céleste, de Jean Ferrand [2010-03-26 16:49:51]
      L'historicité de l'Apocalypse, de Jean Ferrand [2010-03-27 21:02:18]
      La doctrine de l'Apocalypse. Son autorité, de Jean Ferrand [2010-03-28 20:54:32]