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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Le plan de l'Apocalypse Imprimer
Auteur : Jean Ferrand
Sujet : Le plan de l'Apocalypse
Date : 2010-03-09 14:25:06

1.Le plan de l’Apocalypse

(Quand je fais mention du plan septénaire de l’Apocalypse, il s’agit de celui qui figure, à ce jour, dans l’article de Wikipédia : « Apocalypse », et qu’on peut consulter.)

Pierre Prigent ne semble pas connaître le plan septénaire de l’Apocalypse, proposé par l’exégète allemand Alfred Läpple, et que j’ai adopté (et adapté) dans l’article précité. Toutefois notre commentateur avance un plan assez informel, plutôt des titres de chapitres, qui ne s’en éloigne pas tellement, et même qui confirme sur bien des points ses subdivisions. Il existe, entre les deux plans, des convergences remarquables, et quelques différences, qu’il nous faut décrire sommairement.

Il appelle son plan : « une présentation succincte du parcours que l’Apocalypse propose à ses lecteurs anciens ou présents. » (Page 74). Ce « parcours » serait-il prémédité chez Jean ? Il ne le dit pas. Pour nous, il nous paraît évident que le plan septénaire, encore souligné par des mots-charnières dans presque tous ses paragraphes (mots-charnières, cependant moins apparents dans le sixième cycle, celui des sept tableaux, mais qui s’y repèrent par déduction), est tout à fait volontaire et conscient de la part de Jean. C’est même l’ossature préméditée de tout l’œuvre.

Le Prologue (appelé Introduction par Prigent), l’adresse, la vision préliminaire aux sept lettres aux sept Eglises et les sept lettres elles-mêmes correspondent. C’est le premier septénaire ou cycle (cf. Ap 1,4 – 3,22). Il est vrai que ces divisions-là sont peu contestables.

La vision liminaire des sept sceaux (cf. Ap 4-5) est considérée par Prigent comme une unité à part, une espèce d’ouverture grandiose de toute la prophétie. Cependant, il est flagrant qu’elle annonce formellement et solennellement les sept sceaux (cf. Ap 5,1). Puisque elle a son unité interne, que Prigent reconnaît : la Bible de Jérusalem (1998) l’intitule avec raison : « Dieu remet à l’Agneau les destinées du monde », elle doit bien être considérée, selon le plan septénaire, comme la vision liminaire du second cycle tout entier, celui des sceaux (cf. Ap 4,1 – 8,1). Ce que ne fait pas Prigent.

Le même Prigent groupe ensemble les six premiers sceaux. Il est vrai que le cycle des sept sceaux semble interrompu par une Vision intermédiaire (cf. Ap 7) et le septième sceau (cf. Ap 8,1), très brièvement évoqué, presque pour mémoire, s’en trouve comme détaché.

Mais c’est un procédé de composition flagrant de l’auteur de l’Apocalypse, puisqu’on trouve son exact parallèle dans le cycle suivant, celui des trompettes. Après la sixième trompette et le deuxième malheur, comme ici après le sixième sceau, on trouvera trois visions intercalées, que le plan septénaire appelle des excursus. Mais la septième trompette et le troisième malheur, comme ici le septième sceau, ne seront pas oubliés (cf. Ap 11,15-19).

Il faut donc bien maintenir la cohérence du cycle des sept sceaux, comme tout à l’heure il faudra maintenir celui des sept trompettes.

L’interruption par Jean est tout à fait consciente et préméditée. Il intercale, il use de digressions, selon un procédé constant de la rhétorique antique, ce qui a pour avantage de briser la monotonie du discours, d’assouplir la raideur du plan.

D’autant plus que ces intercalations s’avèrent tout à fait appropriées, tout à fait en situation. Dans le cycle des sceaux, qui envisage le passé le plus reculé de l’histoire des hommes, l’auteur, Jean, laisse soudain entrevoir, par une anticipation géniale, l’avenir le plus ultime : l’accès des élus à la béatitude finale (ch. 7). Et dans le cycle des trompettes, qui évoque plutôt les événements d’un passé assez récent, il allègue soudain un passé encore plus immédiat : celui de la révélation qu’il vient d’avoir d’un quatrième évangile, encore à écrire, et celui du martyre que viennent de subir à Rome les bienheureux apôtres Pierre et Paul (ch. 10 et 11). Ces trois témoignages apostoliques, un par l’écrit et deux par le sang, sonneront aussi comme des trompettes, ô combien éloquentes, annonciatrices de la fin du monde, puisque nous voilà rendus aux derniers temps.

Prigent regroupe le septième sceau (cf. Ap 8,1) avec l’ouverture du cycle des 7 trompettes (cf. Vision liminaire, Ap 8,2-5) mais, à mon avis, à tort. Car le cycle des 7 sceaux se termine par un silence notoire d’une demi-heure (cf. Ap 8,1) qui marque bien une pause, et donc la fin d’un cycle.

D’ailleurs Prigent, à ce détail près, admet l’unité littéraire du cycle des trompettes (cf. Ap 8,2 – 11,19) qui est flagrante : « D’abord un silence qu’il faudra expliquer, ensuite la présentation des sept anges aux sept trompettes, c’est-à-dire l’introduction au septénaire suivant. » (Page 229).

Par contre, Pierre Prigent n’aperçoit pas l’unité de ce que nous appelons le quatrième cycle (cf. Ap 12,1 – 14,20), et que nous intitulons : « Les sept visions de la Femme et de son combat avec le dragon. » Mais ce regroupement du quatrième cycle peut se déduire facilement de l’unité du troisième cycle avant, et du cinquième cycle après, qu’il reconnaît. D’autre part les mots-charnières, qui appuient le plan septénaire, y sont flagrants. Ils donnent une suite bien charpentée :
1.Et un grand signe apparut. (12,1).
2.Et apparut. (12,3).
3.Et je vis. (13,1).
4.Et je vis. (13,11).
5.Et je vis. (14,1).
6.Et je vis. (14,6).
7.Et je vis. (14,14).

Ces différents numéros pris en détail, il paraît évident que l’apparition du dragon (2) suit nécessairement l’apparition de la Femme (1). Que le dragon remet son pouvoir à la première Bête (3). Que la première Bête appelle la deuxième (4). Que la présence du faux agneau sur la terre (Néron et ses deux cornes) et de ses victimes, appelle la vision de l’Agneau véritable dans le ciel et de ses compagnons (5). Que la vision du Christ au ciel amène l’annonce prophétique de la chute de la Bête et de ses adorateurs (6). Que la chute de la Bête et de ses adorateurs amène la vision anticipée du jugement dernier : moisson des élus par le Christ, et vendange des réprouvés par les anges (7). Tout cela se tient comme un bloc. C’est comme une mini-apocalypse à soi seul.

Prigent répartit cette section en cinq paragraphes successifs seulement, car il regroupe ensemble première et deuxième visions (1 et 2), troisième et quatrième visions (3 et 4). Ca mis à part, il respecte les divisions du plan septénaire.

Le commentateur, Pierre Prigent, reconnaît très heureusement l’unité littéraire du cinquième cycle, celui des sept fléaux des sept coupes (cf. Ap 15-16), avec sa vision préalable (ch. 15), suivie de la description des sept fléaux (ch. 16).

Il reconnaît également l’unité littéraire, pourtant moins évidente, d’Ap 17,1 – 19,10 que le plan septénaire nomme : « 7 Tableaux sur le châtiment de Rome », et considère comme le sixième cycle. Il l’intitule, quant à lui, « le jugement de Babylone ».

Bien entendu Prigent ne voit pas, comme le plan septénaire qu’il n’a pas en tête, l’unité littéraire du septième et dernier cycle (cf. Ap 19,11 – 22,5) et que nous baptisons : « Sept visions finales de l’avenir ». C’est l’une de nos grandes divergences. Elles sont pourtant bien soulignées, ces sept visions, par l’introduction d’un même mot-charnière répété sept fois : « Et je vis » (19,11) ; « Et je vis » (19,17) ; « Et je vis » (19,19) ; « Et je vis » (20,1) ; « Et je vis » (20,4) ; « Et je vis » (20,11) ; « Et je vis » (21,1). Elles se terminent par une formule quasi liturgique : « dans les siècles des siècles » (22,5). Elles forment une unité globale : tout ce qui suit la chute de Rome (cycle précédent) jusqu’à, et y compris, la parousie finale, en exceptant la conclusion même du livre (cf. Ap 22,6-21) où Jean reviendra sur terre et dans le présent de ses Eglises.

Prigent regroupe les trois premières visions du cycle, celle du verbe de Dieu (19,11-16), celle de l’ange exterminateur (19,17-18) et celle de la Bête et de sa défaite (19,19-21). Elles sont pourtant bien distinctes.

Prigent regroupe à tort le règne de mille ans (20,1-3) et la première résurrection (20,4-10). Le premier ne court que jusqu’au dernier combat eschatologique. La deuxième englobe aussi ce combat.

Prigent fait commencer à tort le jugement des nations en Ap 20,7. Mais non. C’est seulement le dernier combat eschatologique, peut-être d’une durée fort longue, qui doit précéder la parousie (cf. 20,11).

Par contre, Prigent aperçoit, avec juste raison, une unité littéraire globale très nette dans la vision finale de l’Apocalypse (avant les conclusions), celle de la Jérusalem céleste (cf. Ap 21,1 – 22,5), à l’opposé de maints exégètes et de maintes bibles (par exemple la Bible de Jérusalem), et conformément au plan septénaire qu’il conforte ainsi. Il la subdivise ou plutôt l’analyse légitimement selon trois parties. Ce que ne fait pas le plan septénaire, qui est plus succinct, ou plus global, ou encore plus systématique, (mais pourrait faire).

Enfin Prigent, dans la logique de sa perception précédente, voit très justement une conclusion, ou un épilogue à toute l’Apocalypse, comme le plan septénaire, dans ce que ce dernier appelle : « Epilogue : Recommandations finales », soit : Ap 22,6-21. En effet, les grandes visions (du passé comme de l’avenir) sont terminées. Il s’agit d’un retour sur la terre et d’une adresse aux fidèles, et donc d’une parénèse, répondant aux débuts de l’Apocalypse.

Le commentateur distingue également trois parties dans cette conclusion, peut-être selon lui rédigées à des époques différentes. Mais cette analyse plus pointue ne nie pas, là non plus, l’unité du morceau, et, ce qui ne gâte rien, sa composition par le même auteur. Il s’agit pour moi de simples reprises littéraires, peut-être (pourquoi pas ?) rédigées à un jour d’intervalle. L’auteur sacré est coutumier de ces reprises. Elles sont très naturelles dans une fin de lettre (cf. les épîtres de saint Paul). Or l’Apocalypse est une lettre, cf. l’envoi.

(A suivre) 2. Les grandes énigmes de l'Apocalypse.

1. Le Millenium.


La discussion

 Pierre Prigent et l'Apocalypse, de Jean Ferrand [2010-03-09 13:35:25]
      Le plan de l'Apocalypse, de Jean Ferrand [2010-03-09 14:25:06]
      Le Millenium, de Jean Ferrand [2010-03-11 14:07:20]
      Les 24 anciens, les 4 animaux, et les 7 esprits, de Jean Ferrand [2010-03-12 20:59:02]
      Les deux Témoins, de Jean Ferrand [2010-03-14 18:48:35]
          Il semble pourtant..., de Athanasios D. [2010-03-14 19:04:39]
              Il n'y a pas, de Jean Ferrand [2010-03-14 19:23:20]
      Le petit livre et les sept tonnerres, de Jean Ferrand [2010-03-15 13:51:06]
      La Femme, de Jean Ferrand [2010-03-17 10:02:22]
      Le Dragon, la première Bête et la deuxième Bêt [...], de Jean Ferrand [2010-03-19 20:34:41]
      666, de Jean Ferrand [2010-03-19 21:14:17]
      Le sixième Roi, de Jean Ferrand [2010-03-20 09:31:58]
      3 ans et demi, de Jean Ferrand [2010-03-20 13:33:50]
      Les cent quarante-quatre mille, de Jean Ferrand [2010-03-20 16:41:19]
      La première résurrection, de Jean Ferrand [2010-03-21 08:32:32]
      Le second et dernier combat eschatologique, de Jean Ferrand [2010-03-21 14:23:52]
      Harmaguedon, de Jean Ferrand [2010-03-21 18:54:43]
      Gog et Magog, de Jean Ferrand [2010-03-22 12:18:45]
      Les sept Eglises, de Jean Ferrand [2010-03-23 11:44:37]
      Merci, de Personne [2010-03-24 11:42:26]
      Les sept sceaux, de Jean Ferrand [2010-03-24 14:53:06]
      Les sept trompettes, de Jean Ferrand [2010-03-24 21:46:58]
      Les sept coupes, de Jean Ferrand [2010-03-25 21:06:41]
      La Jérusalem céleste, de Jean Ferrand [2010-03-26 16:49:51]
      L'historicité de l'Apocalypse, de Jean Ferrand [2010-03-27 21:02:18]
      La doctrine de l'Apocalypse. Son autorité, de Jean Ferrand [2010-03-28 20:54:32]