Cher Monsieur,
Merci beaucoup de votre éclairage, mais...malgré tout :
- libéralisme et capitalisme sont deux choses très différentes
- le capitalisme est beaucoup plus que le libéralisme économique. C'est un système social, sociétal, même. L'empreinte du capitalisme, si elle a pour source indéniable, un fondement d'ordre économique, la dépasse très largement, par l'utilitarisme, par exemple qui permet de réécrire une version tronquée de la justice distributive.
Il est très instructif d'avoir vu ce système vaciller comme il l'a fait au moment de la récession économique, à partir de la question des subprimes.
Je n'attends (c'est une expression très inadéquate) naturellement du Pape aucune aspiration à la moindre révolution - mon Dieu, nous en avons trop souffertes. Mais je suis - déçu ? - par l'orientation réformiste que porte sa critique du socialisme par exemple, trop belle aubaine pour les libéraux (critique de l'assistanat, d'une idée de sécurité sociale...il y a des séquences à en faire applaudir le MEDEF si on les lit par trop rapidement...)
Je n'y attends pas un socialisme-réformiste, mais reste étonné que le thème de la sortie du capitalisme, très sérieusement pris en considération par de nombreux auteurs, intellectuels, ne soit même pas évoqué.
La Vérité dans la Charité, n'est-ce pas aussi une condamnation entière, et sans appel, contre la racine du capitalisme, dans sa totalité, et non appeler à un seul "accommodement raisonnable" ? Une réplique de la condamnation totale du nazisme, par le Pape Pie 12, comme perversion structurelle. L'Etat-Nation, l'Etat contemporain n'est pas l'Etat, c'est un instrument de légitimation du capitalisme, et un instrument paradoxalement nécessaire à sa reproduction. Il est des plus logique que ce soit les plus importants groupes financiers qui aient de suite appelé à un "retour de l'Etat", récemment.
Des germes, on en entrevoit bien : gouvernement mondial, oui, bien sûr, mais dans une émancipation totale de la sphère économique, une émancipation qui implique bien plus qu'une simple réforme régulatrice des relations d'assujettissement des Etats dans lesquelles ils sont inscrit aujourd'hui.
Mais tout cela me laisse perplexe, puisque je ne suis pas du tout sûr que ce soit ce qu'il soit possible d'attendre d'un Pape. Assurément, il serait regrettable de n'y voir qu'un kantien réformé....

Bien cordialement
Virgile