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JUILLET 2003 A MARS 2011

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Ambiguïtés ? Imprimer
Auteur : N.M.
Sujet : Ambiguïtés ?
Date : 2009-02-14 11:38:02

Je tiens tout d'abord à préciser que j'ai effectivement essayé de rendre compte de ce qu'est l'enseignement de l'Eglise à son propre sujet, en suivant des théologiens sûrs (Franzelin, Cartechini, Salaverri... et Journet, même s'il n'est pas exempt de reproches en d'autres matières).

Et je tiens donc à souligner que les vérités dont j'ai essayé de rendre compte demeurent, quoi qu'il en soit de Vatican II. Il ne s'agit pas de faire plier l'enseignement de l'Eglise aux problèmes que pose Vatican II, mais de résoudre les problèmes que pose Vatican II à la lumière de l'enseignement de l'Eglise, et d'en tirer toutes les conséquences nécessaires.

Ceci étant dit...

Vous posez le problème des ambiguïtés de Vatican II.

Tout d'abord, et en matière de préambule, je répondrais qu'il ne s'agit pas que d'ambiguïtés. L'enseignement de Vatican II concernant les communautés chrétiennes dissidentes "moyens de salut" ou le droit à la liberté de conscience en matière religieuse au for externe et public en matière religieuse n'est pas de soi ambigu. C'est même tragiquement clair.

Je dirais qu'ils sont ambigus pour les catholiques confrontés à ces enseignements et qui essaient d'y trouver une interprétation catholique (ce que les vrais conciliaires ne se donnent pas la peine de faire).

Concernant les "justes limites", il faut avant tout savoir ce par rapport à quoi elles sont censées exister. Par rapport à quel principe. Pour DH, il s'agit de limites apportées à l'exercice d'un droit naturel fondé sur la Révélation. Or pour Quanta Cura, ce droit n'existe pas. Pour la doctrine catholique, il y a bien, pourrait-on dire, des "justes limites" dans la proscription des manifestations publiques des faux cultes, mais il n'en demeure pas moins que le meilleur état des choses est celui où les faux cultes ne sont pas tolérés par l'Etat catholique. Pour DH, la liberté pour la manifestation publique de tous les cultes, y compris les faux, est un principe absolu, dont on peut tempérer l'application, mais qui n'en demeure pasmoins le seul état des choses possible.

Pour QC, par soi la liberté de conscience en matière religieuse au for externe et public n'est pas un droit naturel, mais par accident il se peut que les circonstances exigent que la puissance publique tolère tel ou tel faux culte (il s'agit toujours, évidemment, du for externe et public).

Pour DH, par soi la liberté de conscience en matière religieuse au for externe et public est un droit naturel, mais par accident il se peut que les circonstances exigent (en raison de ce que l'"ordre public juste" est lésé) que l'exercice de ce droit pour tel ou tel culte ne soit pas ou plus rendu possible par la puissance publique.

Par conséquent, le recours aux "justes limites" n'empêche absolument pas qu'il y ait opposition entre le principe affirmé par QC et le principe affirmé par DH.

Notons au passage ceci... En raison de ce que la nature humaine a été gratuitement élevée par Dieu à l'ordre surnaturel, la fin naturelle de l'homme, bien que distincte de sa fin surnaturelle, est assumée par sa fin surnaturelle et ordonnée à cette dernière. Le bien commun temporel ressortit à la fin naturelle de l'homme, mais il est ordonné à sa fin surnaturelle ou n'est pas pleinement réalisé. Si donc l'"ordre public juste" est conçu comme bien commun temporel, il faut tout de suite souligner que puisque les faux cultes s'opposent en soi à la fin surnaturelle de l'homme, alors ces mêmes faux cultes et leur profession publique s'opposent à la réalisation du bien commun temporel. En raison de l'"ordre public juste" conçu comme bien commun temporel, il ne peut donc y avoir de droit naturel (pour tout homme) à la liberté de conscience en matière religieuse au for externe et public... En raison de ce que le bien commun temporel est un bien à réaliser, il ne peut y avoir que la libre profession publique de la seule religion catholique et l'éventuelle tolérance de tel ou tel faux culte (en raison des circonstances). Conclusion : l'"ordre public juste" de Vatican II n'est pas le bien commun temporel. C'est un ersatz de bien commun, et pour tout dire le fruit d'un "naturalisme intégral", à moins que les faux cultes ne soit envisagés comme vrais, mais là on tombe de Charybde en Scylla...

A côté de cela, il y a en effet beaucoup d'ambiguïtés dans Vatican II. Prenez par exemple le passage de Nostra Aetate consacré aux juifs... à moins que ce ne soit aux Juifs ? puisqu'en effet l'équivoque est savamment entretenue : on ne sait plus si Vatican II veut ici parler des Juifs en tant que communauté charnelle des descendants des fils de Jacob, ou des juifs en tant que communauté religieuse de ceux qui professent aujourd'hui le judaïsme talmudique. Et pourtant l'intitulé de Nostra Aetate - Déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes - nous aide à lever cette ambiguïté... Et nous nous trouvons alors face à un enseignement qui vient contredire de plein fouet le consensus des Pères de l'Eglise, qui fait autorité, qui est reconnu comme témoin infaillible de la Tradition.

Mais fermons la parenthèse, et revenons à votre question centrale, celle qui a trait à la possibilité ou non d'ambiguïtés dans les documents du magistère, et à la situation dans laquelle se trouve alors le fidèle.

Lorsque le magistère atteste formellement qu'une proposition donnée est révélée ou connexe au Donné Révélé, il ne peut y a voir ni erreur ni ambiguïté, en raison de l'assistance infaillible absolue dont jouit l'autorité qui déclare quelles sont les "infaillibles vérités".

Mais allons plus loin... Cette fonction attestante, ce magistère infaillible au sens strict du mot, ce "pouvoir déclaratif" pour reprendre l'expression de Journet, n'est pas nécessairement le pain quotidien du magistère, et pour ce qui regarde tel ou tel document magistériel seule la proposition centrale dudit document relève du "pouvoir déclaratif" et pas le reste. Mais cependant, ainsi que j'ai essayé de l'exposer plus haut dans mon précédent message, le "reste", en tant qu'il est un acte magistériel qui a pour auteur l'autorité suprême dans l'Eglise, et que cet acte de destination universelle, ce "reste" jouit, tout comme les lois générales de l'Eglise, d'une assistance prudentielle infaillible, ou "infaillible sécurité" qui fait que l'acte en question ne peut pas être contraire au bien de l'Eglise et notamment, puisque c'est ce qui nous concerne, venir troubler la foi des fidèles.

Or un document magistériel (non "déclaratif") qui viendrait jeter le trouble par des ambiguïtés relativement à des questions déjà tranchées par le "pouvoir déclaratif" infaillible ("vérités infaillibles") de l'Eglise, un tel document viendrait troubler la foi des fidèles qui croient déjà d'une adhésion de foi divine ou catholique à l'objet antécédemment proposé par le magistère infaillible de l'Eglise. Par conséquent, un tel document serait contraire au bien de l'Eglise.

Dans la mesure où ce document magistériel émanerait de l'autorité suprême dans l'Eglise et serait de destination universelle, il ne pourrait pas, en raison de l'assistance prudentielle infaillible ("infaillible sécurité") cultiver ainsi l'ambiguïté par rapport à un enseignement infaillible irréformable du "pouvoir déclaratif". L'ambiguïté d'expression ne serait envisageable que relativement à une question qui n'a pas été déjà tranchée par le "pouvoir déclaratif" infaillible et reçue dans l'Eglise (auquel cas, il faudrait, pour plagier Sixte IV, comprendre le texte "selon le sens qui conduit à une affirmation vraie").

Si Vatican II cultive l'ambiguïté relativement à des questions déjà infailliblement tranchées et reçues dans l'Eglise, c'est que Vatican II n'a pas été promulgué par l'autorité suprême mais bien par une pseudo autorité.

De la même façon, si Vatican II entend faire usage du "pouvoir déclaratif" contradictoirement aux exercices antécédents du "pouvoir déclaratif", c'est que Vatican II n'a pas été promulgué par l'autorité suprême mais bien par une pseudo autorité.

Encore une fois, je vous remercie

N.M.



La discussion

 Il y aurait une lettre interne de Mgr. Fellay sur  [...], de L'étranger [2009-02-11 10:48:35]
      Point de vue pratique :, de Boanergues [2009-02-11 11:57:34]
      Evident, de Scribe [2009-02-11 14:10:10]
          concile mineur, de Aigle [2009-02-11 14:20:04]
              réponse rapide, de Scribe [2009-02-11 14:38:15]
                  Après le pape clignotant..., de Etienne [2009-02-11 15:00:37]
                      Et bien poilez-vous !, de Scribe [2009-02-11 15:10:07]
                          Incohérence?, de Etienne [2009-02-11 15:20:16]
                              Toujours pas?, de Etienne [2009-02-11 18:15:55]
                                  J'ai un certain nombre de soucis, de Scribe [2009-02-11 18:27:43]
                  Vous ne manquez pas seulement de temps !, de N.M. [2009-02-11 15:20:56]
                      de la mathématique "dogmatique" à un p [...], de Luc Perrin [2009-02-11 17:36:09]
                          Le terme le plus approprié ?, de N.M. [2009-02-11 18:17:04]
                          Latran V : purement pastoral ?, de N.M. [2009-02-11 18:25:08]
                              Y'a qu'à, de Rémi [2009-02-11 23:50:48]
                              je l'ignorais en effet comme, de Luc Perrin [2009-02-12 12:34:34]
                                  Saint Robert Bellarmin contre Luc Perrin, de John DALY [2009-02-12 13:47:43]
                                      heureusement le ridicule ne tue pas en effet, de Luc Perrin [2009-02-12 15:41:41]
                                          Pour rester dans le sujet..., de Vianney [2009-02-12 16:13:48]
                                              quelle est la différence ?, de Luc Perrin [2009-02-12 21:28:52]
                                                  Non, ce n’est pas pareil, de Vianney [2009-02-13 09:30:21]
                                                      Position de Mgr Fellay, de Gentiloup [2009-02-13 12:24:47]
                                                      quelques précisions, de Luc Perrin [2009-02-13 18:09:06]
                                          Les "balivernes" que je vous attribue so [...], de John DALY [2009-02-12 17:24:18]
                                              pour confirmer , de Luc Perrin [2009-02-12 22:37:35]
                                  Un conseil..., de N.M. [2009-02-12 14:00:36]
                                      ma bibliothèque personnelle (+ une question subsi [...], de Luc Perrin [2009-02-12 23:27:01]
                                          Références et "mathématique dogmatique&quo [...], de N.M. [2009-02-13 11:09:51]
                                              creusons un peu plus, de Luc Perrin [2009-02-13 19:02:35]
                                                  Vous semblez tous les deux..., de Vianney [2009-02-14 09:35:40]
                                                  Eclaircissements, de N.M. [2009-02-14 12:30:51]
                                                      je retiens de Vianney et de vous un point, de Luc Perrin [2009-02-14 19:52:10]
                      Quelques remarques / questions, de Meneau [2009-02-11 23:13:01]
                          Quelques réponses, de N.M. [2009-02-12 13:49:15]
                              Clair, net, précis..., de Etienne [2009-02-12 14:10:57]
                              l'interdiction répétée des "rites chinois& [...], de Presbu [2009-02-12 17:02:04]
                                  Il est question de doctrine..., de Vianney [2009-02-12 20:15:16]
                              Oui mais..., de Meneau [2009-02-13 22:40:02]
                                  Ambiguïtés ?, de N.M. [2009-02-14 11:38:02]
                                      Mais encore, de Meneau [2009-02-14 14:27:32]
                                          Manifestement non, de N.M. [2009-02-14 15:58:51]
                  [réponse], de Rémi [2009-02-11 16:07:46]
                      même pas peur, de Scribe [2009-02-11 18:12:03]
                          Eh ben!, de Rémi [2009-02-11 23:47:03]
          N'en déplaise à nos excellents amis lefebvristes [...], de N.M. [2009-02-11 15:30:42]
              Petit jeu, de Ennemond [2009-02-11 15:59:06]
                  Prérogatives, de Vianney [2009-02-11 16:32:12]
                  De quel jeu parlez-vous ?, de N.M. [2009-02-11 16:59:51]
                      assez fin, de Ennemond [2009-02-11 17:05:23]
                          Mon pauvre ami..., de N.M. [2009-02-11 17:16:38]
                              une citation pour vous, de Scribe [2009-02-11 18:09:20]
                                  Et alors ?, de N.M. [2009-02-11 18:11:45]
                                      Cela dit..., de Meneau [2009-02-11 22:46:54]
                                          Erreur de diagnostic, de Vianney [2009-02-12 09:05:53]
              Ah?, de Gentiloup [2009-02-12 00:09:31]
          Tour de force..., de Rémi [2009-02-11 16:01:35]
              L'analyse de mgr Rifan, de Jean Kinzler [2009-02-11 17:29:01]
              Logique à deux sous..., de Gentiloup [2009-02-12 01:31:23]
                  Je ne vous le fais pas dire!, de Rémi [2009-02-12 12:48:56]
                      Révélation privée, de Scribe [2009-02-12 13:30:50]
                          Huhu!, de Rémi [2009-02-12 13:51:17]
                              Ben, de Scribe [2009-02-12 13:56:39]
                                  Ma position, de Rémi [2009-02-12 14:23:15]
                      "L'abomination de la désolation dans le lieu [...], de Gentiloup [2009-02-12 13:36:13]
                          Exactement., de Rémi [2009-02-12 14:03:31]
                          "Qu'il soit anathème !", de John DALY [2009-02-12 14:48:55]
                              J'avoue que la question est délicate, de Gentiloup [2009-02-12 15:44:56]
                                  Quid est veritas, de Cupertino [2009-02-14 15:00:06]