« Oportet ilium regnare », nous dit saint Paul, Notre-Seigneur est venu pour régner. Nous le disons avec tous les papes. Notre-Seigneur n'est pas venu pour être caché à l'intérieur des maisons sans en sortir. Pourquoi les missionnaires dont tant se sont fait massacrer ? Pour prêcher que Notre-Seigneur Jésus-Christ est le seul vrai Dieu, pour dire aux païens de se convertir. Alors les païens ont voulu les faire disparaître, mais eux, ils n'ont pas hésité à donner leur vie pour continuer à prêcher Notre-Seigneur. Alors maintenant, il faudrait faire le contraire, dire aux païens : « Votre religion est bonne, conservez-la pourvu que vous soyez de bons bouddhistes, de bons musulmans ou de bons païens ! » C'est pour cela que nous ne pouvons pas nous entendre avec eux, car nous obéissons à Notre-Seigneur disant aux apôtres : « Allez enseigner l'Evangile jusqu'aux extrémités de la terre. »

C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner que nous n'arrivions pas à nous entendre avec Rome. Ce ne sera pas possible tant que Rome ne reviendra pas à la foi dans le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tant qu'elle donnera l'impression que toutes les religions sont bonnes. Nous nous heurtons à un point de la foi catholique comme se sont heurtés tous les papes avec le libéralisme. C’est la même chose, le même courant, les mêmes idées et les mêmes divisions à l'intérieur de l'Eglise.

Mais avant le concile, les papes et Rome soutenaient la Tradition contre le libéralisme. Tandis que maintenant les libéraux ont pris la place. Evidemment ils sont contre les traditionalistes, alors nous sommes persécutés. Mais nous sommes tranquilles parce que nous sommes en communion avec tous les papes depuis Notre-Seigneur et les apôtres. Nous gardons la foi, et nous n'allons pas maintenant passer à la foi révolutionnaire en la Déclaration des droits de l'homme. Nous ne voulons pas être des fils de 1789, mais des fils de Notre-Seigneur, des fils de l'Evangile. »

Monseigneur LEFEBVRE, L'Eglise infiltrée.

Je ne sais pas si on peut appeler "critique constructive" le livre d'où sont extraites les lignes qui précèdent, ni les autres ouvrages de Mgr Lefebvre allant dans le même sens : J'accuse le Concile, Ils L'ont découronné, etc.

Quoi qu'il en soit, la question fondamentale est, me semble-t-il, la suivante : les événements récents (discours à New York, rencontre à Naples, prière à la mosquée bleue...) apportent-ils de quoi rassurer le successeur de Mgr Lefebvre à propos du problème soulevé ci-dessus par le prélat ?

Si c'était le cas, la signature des cinq points présenterait déjà beaucoup moins de difficultés. Mais, de toute évidence, ce n'est pas le cas. Le Motu proprio n'a rien changé sur ce plan, Monsieur l'Abbé.

Vos arguments, du reste, ne sont pas vraiment nouveaux non plus : on pouvait en substance les entendre dès les années 70, lorsque Monseigneur a ordonné ses premiers prêtres... contre l'avis, déjà, d'une partie non négligeable de ses sympathisants.

V.