Vous avez toujours été un littéraire. Votre apologue est beau comme du Raspail. Mais le principe de réalité, qui n'est pas une Bête malfaisante mais l'horizon quotidien de notre existence, risque de vous rattraper vous et votre rêve.

Qu'est-ce que j'appelle le principe de réalité ? Prenons donc ce qui nous est commun. J'emprunte la formule du principe de réalité à Jacques Bainville, que vous connaissez mieux que moi : "Tout a toujours très mal été". Ne nous scandalisons pas du mal, de son étrange puissance. N'en faisons jamais une tragédie.

Quand vous croirez que votre champion, nouveau Guillaume Tel venu d'Helvétie, aura tué la bête, vous vous rendrez compte que, victime d'effets vraiment très spéciaux, il n'a touché qu'une image spectrale et que tout est encore à faire. Et alors ? Plus de cartouches ? vraiment ? La FSSPX est par nature un pistolet à un coup. Elle peut jouer ce coup, se jouer elle-même. Elle n'a qu'elle... Elle n'est qu'elle. C'est sans doute ce que vous appelez la dernière cartouche.

L'Eglise n'a jamais habité rue de la dernière cartouche. Elle refuse l'irrémédiable. Elle vit des drames sans doute, des drames à répétition (tout a toujours très mal été), mais jamais des tragédies. Tant qu'il a un souffle pour louer Dieu, le chrétien dispose encore d'une cartouche, puisque tout est grâce comme disait Thérèse Martin...

Et surtout, surtout, participant de l'économie de l'union hypostatique, l'Eglise, corps du Christ, se sauve elle-même. Voyez la quatrième lettre de Bossuet à une demoiselle de Metz : L'Eglise, c'est Jésus Christ homme parfait... L'instrument de notre rédemption. Nous ne sauvons pas, fût-ce d'une dernière cartouche, l'instrument de notre rédemption. C'est lui qui nous sauve.