L'argument massue est ainsi: ne pas se démarquer du groupe clérical. L'effort de l'évêque est fondé sur cette volonté de cohésion, qui prime sur toute autre considération (surtout s'il y a risque d'application du Motu Proprio).

Vous avez déjà une sélection dans les séminaires pour trier le bon grain de l'ivraie. Font partie de l'ivraie à jeter les jeunes trop pieux, ou trop zélés dans leurs dévotions.

Mon point de vue est peut-être trop concentré sur le cas de mon diocèse. A d'autres plus compétents d'affiner l'analyse. Mais je constate cela.
Tenez, je pense à un enterrement récent. Désormais sont institués des groupes de laïcs pour accompagner les défunts au cimetière. Le manque d'effectif dans le clergé ne permet plus l'accompagnement par un prêtre.
La réalité du monde paysan auquel j'appartiens révèle une observation: celle de la transition entre une forme passée et une nouvelle. Dans ce changement donc, on voit des curés qu'un office religieux agace, ennuie, désole. Certains répondent à la famille d'un mourant qu'il peut bien attendre le lendemain matin, qu'il ne bougera pas de son lit; ou qu'à son âge on ne fait plus de péché. D'autres ont déjà quitté le cimetière avant l'arrivée de toute la procession villageoise... la cérémonie apparaît bâclée.
Et vous pensez que le paysan qui voit ça estime que le diocèse dit vrai? Son bon sens lui fait dire qu'on lui ment, qu'il n'est bon que pour verser son denier.
La conséquence est ainsi:
* des vieux prêtres qui respirent la vérité et la sincérité sont submergés de demandes, de sollicitations et sont épuisés.
* la pratique religieuse se raréfie.
* les curés fonctionnaires ne sont pas estimés, et ils tendent eux-mêmes à s'aigrir. Vous les voyez multiplier les messes?

Il y a peu de transfert vers les fraternités SSPX ou ED, car ces dernières ne sont pas nécessairement sur le terrain. Leurs prêtres balaient des territoires assez vastes, avec des compteurs kilométriques dignes de VRP, ce qui ne les enclavent pas forcément dans les anciennes paroisses.

Dans le cas du jeune prêtre, dont je n'ai pas de nouvelles récentes, il avait tendance à rejoindre les habitudes de ces collègues: privilégier les rendez-vous bourgeois (déjeuners, activités, etc.) - peut-être pas avec les mêmes hôtes - plutôt que d'être présent dans son église. C'est normal humainement.

Au sujet de l'anecdote du cimetière et de la transition entre une forme passée et une nouvelle, le réflexe serait de qualifier (disqualifier plutôt) le passé en le traitant de "19e siècle"... les historiens pourront toutefois confirmer que le souci de la présence du prêtre n'est pas récente. Je pense à des amendes forfaitaires qu'un évêque du 17e avait réglementées à l'encontre de ses chanoines trop absents (ils préféraient leurs salons, leurs amis).