Romano Prodi pour l'insertion du christianisme dans la Constitution UE
AFP - L'ex-président de la Commission européenne, actuel chef de l'opposition en Italie, Romano Prodi regrette l'absence de références aux racines chrétiennes dans la nouvelle Constitution européenne, rejoignant ainsi la position des papes Jean Paul II et Benoît XVI.
"La demande commune à toutes les Eglises d'une reconnaissance explicite dans le préambule de la Constitution du rôle historique du christianisme n'a pas été acceptée. Je pense que cet aspect représente vraiment un maillon manquant", écrit M. Prodi dans une lettre adressée à La Repubblica, que publie jeudi le quotidien proche de l'opposition.
M. Prodi, un catholique convaincu, rejoint les positions exprimées par le pape Jean Paul II jusqu'à sa mort, reprises depuis par son successeur, Benoît XVI, qui voit l'unité de l'Europe fondée sur ses racines chrétiennes.
"Aujourd'hui, l'Union européenne voit à ses frontières orientales la Russie, l'Ukraine et le Bélarus et la Turquie au sud-est; avec l'entrée de Chypre et de Malte, l'UE est en contact direct avec le Proche Orient. Avec cette nouvelle géographie, l'Europe a une nouvelle responsabilité internationale en ce qui concerne le droit, la justice, la paix, mais celle-ci ne pourra être exercée que si la question de son identité est résolue" (ndlr, en reconnaissant ses racines chrétiennes), écrit M. Prodi.
"Les religions présentes historiquement en Europe, en particulier le christianisme (...) peuvent apporter une contribution essentielle en tant que facteurs d'intégration et de fraternité, éléments culturels qui dépassent et transcendent la signification ethnique des patries et contribuer ainsi à une nouvelle saison de l'européisme et à la vocation universelle de l'Europe", poursuit M. Prodi.
"L'Europe nouvelle porte en elle les valeurs qui ont fécondé pendant deux millénaires un art de penser et de vivre dont le monde entier a été bénéficiaire. Le christianisme occupe un poste privilégié parmi ces valeurs", ajoute le chef de l'opposition de centre-gauche, qui dirigea la Commission européenne pendant cinq ans jusqu'à fin novembre dernier.
Tout en soulignant la nécessité du "plein respect de la laïcité", M. Prodi relève qu'"une Europe qui renierait son propre passé, qui renierait le fait religieux et ne tiendrait pas compte de la dimension spirituelle, serait fortement diminuée par rapport au projet ambitieux qui mobilise toutes ses énergies: construire l'Europe de tous".
De nombreux responsables italiens des partis du centre-droit ont soutenu jusqu'à présent la requête du Vatican de voir insérer la référence aux racines chrétiennes dans la Constitution européenne.
Mais ceux du centre-gauche avaient été plus discrets sur ce thème jusqu'à maintenant. En ce sens, la longue lettre de M. Prodi est une première dans un pays où la classe politique considère l'Eglise comme un facteur important dans la compétition électorale et cherche à bénéficier de son soutien, au moins tacite. |