La question a revêtu, en effet, une importance majeure dans l'antiquité chrétienne, en particulier dans un cas extrêmement précis: un chrétien pouvait-il porter les armes dans les armées de César ? Cette question a donné lieu à de grands débats, jusqu'à ce que l'Eglise réponde affirmativement. Il faut observer que même aujourd'hui, elle conserve le principe de la légitimité de la peine de mort, en soi, même si, en fait, elle considère qu'il n'existe plus de raison proportionnée de l'appliquer compte tenu de l'arsenal juridique dont disposent les sociétés modernes, d'une part, et compte tenu de la dignité de la personne humaine, d'autre part.

Il existe cependant, et il existera toujours la tension que vous soulignez avec raison, entre charité et violence. La charité cependant n'exclut pas la justice, elle qui est la reine de toutes les vertus, et il peut y avoir manquement grave à l'une et à l'autre à laisser périr quelqu'un que l'on était en mesure de secourir alors qu'il était victime d'une agression. Reste pourtant que le Christ, qui nous a donné l'exemple de la plus grande injustice subie [pour soi], nous a donné aussi celui de la plus grande abnégation par le plus grand amour.

Il faut sans doute distinguer ce que concerne les autres et ce qui ne concerne que nous mêmes, non ?