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Rome 24/05/2003 : l'article de Famille Chrétienne Imprimer
Auteur : JOUSTRATE
Sujet : Rome 24/05/2003 : l'article de Famille Chrétienne
Date : 2003-07-05 14:22:34

Rite tridentin : un geste de Rome

Le 24 mai s'est déroulé à Rome un événement exceptionnel pour la famille traditionaliste : une messe en rite tridentin a été célébrée dans la basilique Sainte-Marie-Majeure par le président de la Commission pontificale Ecclesia Dei et préfet de la Congrégation pour le clergé, le cardinal Dario Castrillon Hoyos.

Sophie de Ravinel

Une dizaine de jeunes prêtres en soutane montent à vive allure les marches de la basilique Sainte-Marie-Majeure, sous l'oil étonné de touristes en tenues nettement plus légères.

Des scouts italiens en short bleu et chemise verte passent un dernier coup de téléphone sur leur portable avant de pénétrer dans l'immense vaisseau où répète le chour de la paroisse parisienne de Saint-Eugène-Sainte-Cécile. Un moine du Barroux se dépêche de rejoindre l'autre chour, dirigé par l'un de ses frères, le Père Jehan. Des familles, des jeunes, des personnes âgées en mantille - tous se hâtent pour tenter de trouver une place.

L'usage de la liturgie tridentine par un cardinal en exercice dans une basilique romaine est un fait inédit depuis 1969. L'association Una Voce est à l'origine de cette initiative considérée comme une petite pierre significative sur le chemin qui pourrait mener jusqu'à la création d'une sorte d'administration apostolique destinée aux fidèles attachés à ce rite dit de saint Pie V.

«Cela fait trente ans que nous attendions...»

Beaucoup ont glosé sur le geste de Rome, évoquant - un peu vite - une réconciliation avec les dissidents de Mgr Lefebvre, pour s'en réjouir ou pour s'en inquiéter. Enthousiastes, les fidèles présents se réjouissaient quant à eux de ce geste d'ouverture et d'accueil, redonnant toute sa légitimité à la liturgie tridentine.

Assis au deuxième rang, à côté de Mgr Julian Herranz, président du Conseil pontifical pour l'Interprétation des textes législatifs, Dom Gérard Calvet est satisfait et reconnaissant. Pour le supérieur de l'abbaye bénédictine du Barroux, «c'est un geste courageux d'apaisement, une question de justice aussi. Cela fait trente ans que nous demandons cette reconnaissance, et le Saint-Père a célébré dans tous les rites pour le Jubilé, sauf le rite tridentin. Aujourd'hui, nous sommes heureux de voir que ce rite a retrouvé toute sa place dans l'Eglise».

Mais cette célébration ne s'adressait pas seulement aux traditionalistes restés unis au magistère de l'Eglise catholique. «C'est un signe très fort envoyé à la Fraternité Saint-Pie-X, précise Dom Gérard, afin de leur montrer que toute la Tradition peut être vécue dans l'Eglise.»

Alors que le chapelet récité par le cardinal Hoyos et les fidèles agenouillés commence tout juste, le dernier cardinal rejoint ses pairs au premier rang. Ils sont cinq, dont l'ex-archevêque de Boston, le cardinal Bernard Francis Law. Lui-même a plusieurs fois célébré selon ce rite, qu'il «estime», dans son diocèse, et, se trouvant à Rome pour des assemblées de congrégations, il a souhaité se rendre à Sainte-Marie-Majeure avec son vieil ami, le cardinal William Wakefield Baum. Aux Etats-Unis, la présence des traditionalistes est importante, et EWTN, la célèbre chaîne télévisée de Mother Angelica, a retransmis la messe romaine à leur intention.

Pour remercier Jean-Paul II

Dans un communiqué publié quelques jours auparavant, la Commission pontificale Ecclesia Dei avait souligné que cette liturgie célébrée le jour de la fête de Marie Auxilia-trice, voulue par saint Pie V - pape inhumé dans cette basilique -, avait pour objectif de «rendre un hommage au Saint-Père dans l'année du vingt-cinquième anniversaire de son pontificat». Toujours selon la Commission chargée du lien avec les fidèles attachés au rite de saint Pie V, ces derniers ont aussi souhaité «remercier Jean-Paul II pour le motu proprio Ecclesia Dei», qui demande une «ample et généreuse application des directives sur l'usage du missel romain dans son édition de 1962».

«L'ancien rite romain conserve son droit de citoyenneté»

Le Saint-Père les a remerciés pour leurs voux dans une lettre écrite par le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'Etat, et lue le 24 mai. Jean-Paul II y souligne que «face aux grands défis sociaux et religieux de l'époque moderne, l'entier peuple de Dieu est appelé à raviver sa propre Foi et à solidifier les liens de la Charité dans un esprit de sincère communion avec ses propres pasteurs pour proclamer l'Evangile avec enthousiasme et courage».

De son côté, au cours d'une longue homélie, très attendue, le cardinal Castrillon Hoyos a fortement insisté sur la grandeur du successeur de Pierre : «Au milieu de l'Histoire, il est le roc. Le concept de Pierre contient celui de consistance, de résistance, de cohésion, de fermeté, de solidité et de force».

«C'est à Jean-Paul II, notre pape bien-aimé, que vont notre pensée, notre prière et notre profond et affectueux sens de la communion ecclésiale, devait poursuivre le cardinal. Sa vie et son ministère apostolique suprême sont caractérisés par la défense infatigable de la vérité, par le dévouement total à la cause de l'unité de l'Eglise, et par l'ouvre pastorale prophétique et courageuse pour la promotion de la vraie et juste paix entre les peuples et entre tous les hommes. Plus sa personne physique semble fragile, et plus fort se dresse son rôle moral et spirituel devant l'humanité.»

Soulignant ensuite «les orages et les défis qui se présentent pour le Corps mystique du Christ», le cardinal Castrillon Hoyos a invité les fidèles à avoir confiance en l'Eglise victorieuse : «Victorieuse parce que construite sur le roc de Pierre [...]. Victorieuse parce que la communion avec les pasteurs légitimes garantit cette note de catholicité, indispensable pour rester dans la société mystique du corps du Christ».

Le président de la Commission Ecclesia Dei a ensuite rendu hommage au rite de saint Pie V, «qui a constitué pendant des siècles la forme officielle de la liturgie romaine» : «On ne peut pas considérer que le rite dit de saint Pie V soit éteint, l'ancien rite romain conserve donc dans l'Eglise son droit de citoyenneté au sein de la multi-formité des rites catholiques tant latins qu'orientaux. Ce qu'unit la diversité de ces rites, c'est la même Foi dans le mystère eucharistique, dont la profession a toujours assuré l'unité de l'Eglise sainte, catholique et apostolique».

«L'Eglise est mère, tout le monde peut y trouver sa place»

Dans l'assemblée, Christophe Geffroy, directeur de La Nef, revue attachée au rite tridentin, prend de nombreuses photos du cardinal Hoyos revêtu de splendides vêtements liturgiques blanc et or. «Cette célébration veut montrer que l'Eglise est mère, explique-t-il, et que tout le monde peut y trouver sa place.»

Non loin de lui, une charmante Anglaise coiffée d'une mantille sombre. Son chapelet à la main, Marygold Turner raconte qu'elle est venue spécialement du Kent pour cet événement, avec un groupe d'une vingtaine de personnes de l'association Latin Mass. «Nous sommes venus avec notre aumônier de la Fraternité Saint-Pierre, le Père Andrew Southwell, et nous avons pu, vendredi matin, célébrer une messe privée en rite tridentin dans une petite chapelle de la basilique Saint-Pierre. Cela aussi, c'est un événement et une grande joie pour nous.»

Agnès Berger et Marie-Bénédicte Argenson, deux jeunes Parisiennes en vacances à Rome, n'en pensaient pas moins. Agnès n'est pas particulièrement proche de ce rite, mais elle affirme que «Jésus est là, comme ailleurs, et c'est cela qui nous réunit tous, quelle que soit la manière de célébrer la liturgie»

Source : 31/05/2003 - Famille Chrétienne n°1324
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