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JUIN 2001 A JUILLET 2003

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Un beau texte Imprimer
Auteur : Stéphane
Sujet : Un beau texte
Date : 2003-07-03 08:37:12

Chère Chantal,

Voilà un beau texte de Denys le Chartreux et propre à élever l'âme, comme vous le souhaitez.

Cordialement,
Stéphane



Le plus court moyen et la meilleure manière d’acquérir la sagesse du salut et la science vraiment profitable


Comme l’a dit ce grand philosophe, tous les hommes désirent naturellement savoir . La science est en effet la perfection de l’intelligence, et la Vérité suprême a en outre établi que notre béatitude consisterait dans la connaissance , assurément pas dans une connaissance quelconque, mais dans la connaissance de Celui qui est essentiellement la Vérité éternelle et la Bonté première, pure, en tous points parfaite et infinie : la Vérité de Dieu. La connaissance de cette Vérité est multiple : on peut acquérir l’une en ce monde, tandis que l’autre est réservée à la patrie céleste ; la première connaît son Objet par la foi, comme dans un miroir et obscurément, l’autre par la vision et dans une révélation faciale . Nous nous portons vers cette béatitude par le désir, en nous appliquant à la pureté et par la pratique des autres vertus, spécialement en grandissant dans le saint amour de Dieu : plus nous progresserons dans cet amour, plus nous verrons clairement la Source de pureté infinie, le Dieu qui transcende toute béatitude, tout beauté et toute amabilité, et plus cette vision nous procurera un surcroît de félicité au sein d’une éternité sans ombre.
Tel est l’immense bonheur qui nous est promis : la vision de Dieu, resplendissante de clarté, certaine, en face à face, vision propre à nous combler de délices et à nous remplir du plus parfait contentement, vision dès lors qui nous procurera le repos dans la paix puisqu’elle mettra un terme définitif à tout autre désir . Tout comme celui que l’on jetterait nu dans une fournaise ardente fermée de toutes parts et dont il aurait la certitude de ne jamais pouvoir s’échapper déborderait à ce point de douleur et de tourments intérieurs et extérieurs qu’il ne se posséderait presque plus lui-même tant il serait accablé par son supplice, ainsi ces âmes souverainement bienheureuses qui voient Dieu sont à ce point remplies de tout délice et de toute joie, de toute sécurité, de toute douceur et de toute tranquillité que c’est à peine si elles se possèdent elles-mêmes . Le Seigneur notre Dieu est la Source vers laquelle nous sommes appelés à remonter sans nous lasser et infatigablement, en le contemplant avec zèle dans cet exil et même si ce n’est pas de manière continue, en le louant et en l’honorant de toutes nos forces par des actes d’adoration intérieurs et extérieurs.
Puisqu’il en est ainsi, pourquoi te laisses-tu distraire, toi, homme malheureux et misérable, oui toi, insensé et négligent, pourquoi te laisses-tu distraire par une foule de choses ? Pourquoi ton esprit se répand-il de tous côtés et est-il ballotté en tous sens, semblable à un navire au milieu d’une mer démontée ? Immobilise-toi en Dieu et ne te détourne jamais ni pour rien au monde de lui, mais prends exemple sur celui qui dit : « Mes yeux sont toujours tournés vers le Seigneur » , et : « J’avais toujours le Seigneur devant mes yeux » .
– Mais qui en est capable ? m’objecteras-tu. Écoute mon conseil et cet enseignement que je te donne : Qu’y a-t-il de plus facile que de porter son regard sur Celui qui est présent partout et toujours, qui resplendit en toutes choses et se manifeste en tout lieu, vers Celui pour qui tout est une occasion de nous appeler à nous convertir et à demeurer en lui ? Élève tes yeux vers le ciel, car c’est le trône de Dieu . Et toi-même, si tu le veux, tu es le trône de Dieu, qui habite dans les justes . Reporte sur toi-même ton attention : qui t’a fait ? Qui a créé ton âme et formé ton corps ? D’où vient la souplesse de tes membres et qui les a constitués ? Qui a façonné les organes de tes sens internes et externes, et leur a donné la faculté de s’exercer de telle façon qu’en un instant, en un clin d’œil, tu puisses percevoir, dans la minuscule pupille de ton œil, les corps célestes et terrestres, appréhendant les images, les couleurs et les figures ainsi que la multitude, les différences et les ressemblances d’objets si divers ? Qui a disposé, établi et conservé cette harmonie, cette proportion et ce rapport entre les objets sensibles et les sens de telle sorte qu’ils s’y impriment par leurs espèces et leurs ressemblances, et qu’ils y soient présents selon la modalité même de leur existence dans le milieu ambiant , comme la lumière sensible se multiplie et se diffuse alentours ? Oui, ces choses se produisent d’une manière tellement admirable et subtile que nous ne sommes pas plus capables d’en parler tout au long que de les admirer comme elles le méritent : et c’est au point que nous les tiendrions pour impossibles si l’expérience ne nous donnait la certitude qu’il en va bien ainsi . Comment donc pouvons-nous trouver difficile de voir Dieu en toutes choses et de sentir sa présence, lui dont nous reconnaissons et ressentons la présence, l’activité et l’influence par ses effets par les effets si manifestes, dignes d’éloges et vraiment innombrables dont Il est la Source ?
L’Écriture sainte nous dispense cependant sur tout cela un enseignement plus facile, plus salutaire et plus complet [que la philosophie] pour que, par de ferventes prières, par des aspirations issues du tréfonds de notre cœur, par de lumineuses inspirations, par des contemplations enflammées, des colloques intérieurs et d’amoureux embrassements, nous parvenions à Celui qui demeure au-dedans de nous, et qui nous est même plus intime que nous ne le sommes à nous-mêmes ; cet enseignement, la sainte Écriture nous en fait encore part afin que nous soyons embrasés de son saint et doux amour et comme dissous en lui chaque fois que le regard de notre esprit nous attache à lui. Comment pourrions-nous en effet plonger notre regard dans ce Dieu qui transcende toute beauté et tout délice sans être enflammés d’amour pour lui et sans trouver en lui une délectation sensible, sinon parce que nous sommes faibles et sans forces, parce qu’il n’y a en nous qu’une médiocre lumière et que l’accès de notre cœur si misérable ne lui est pas ouvert et ne s’expose pas à lui en pleine lumière ?
Que nous reste-t-il donc à faire, sinon à nous rapprocher davantage de lui, non quant au lieu – ce n’est pas sous ce rapport que nous nous tenons loins de lui –, mais quant à la ressemblance, en rejetant et en évitant à tout moment les péchés, qui seuls ne sont pas de lui parce qu’ils n’existent pas (c’est-à-dire que positivement et formellement ils ne sont rien ), et parce qu’ils rendent l’esprit créé dissemblable, désagréable, contraire et rebelle à son Créateur. Les péchés sont autant de vanités, c’est l’amour désordonné de soi-même, l’éloignement et le détournement de Celui-là seul qui est essentiellement vrai, bon, bienheureux et qui est notre salut à tous. Plaçons en lui toute notre affection, dirigeons vers lui tout notre effort, retenons-le fermement et ne le laissons pas partir sans recevoir sa bénédiction , c’est-à-dire sans qu’Il nous conduise et nous transporte, par des accroissements de grâce et la continuité de ses commisérations, dans le Royaume de ses vases de miséricorde, où nous serons fixés pour l’éternité, immobiles et immuables, sans plus devoir aller de l’avant, mais demeurant dans le repos et la bienheureuse quiétude d’un embrassement sans terme d’amour éternel.


La discussion

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          Re : A mes amis, de myster de kerpolik [2003-07-02 22:52:59]
          Un beau texte, de Stéphane [2003-07-03 08:37:12]