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M. Chirac crée la "commission Stasi" pour redéfinir la laïcité Imprimer
Auteur : le gars
Sujet : M. Chirac crée la "commission Stasi" pour redéfinir la laïcité
Date : 2003-07-01 23:48:34

M. Chirac crée la "commission Stasi" pour redéfinir la laïcité
LE MONDE | 01.07.03 | 13h26


Le chef de l'Etat a décidé de confier à l'actuel médiateur de la République, Bernard Stasi, ancien ministre centriste, la présidence d'un groupe d'experts chargés de proposer, le cas échéant, une législation qui irait au-delà de la seule question du port du voile islamique à l'école.
Silencieux jusqu'à présent, après plusieurs mois de cacophonie dans la majorité et dans l'opposition, pour savoir s'il fallait légiférer sur le port du voile islamique à l'école et s'il fallait réviser la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, Jacques Chirac a confié à Bernard Stasi la présidence d'une commission sur "la laïcité dans la République".

Médiateur de la République, M. Stasi s'est entretenu avec le chef de l'Etat, mardi 1er juillet, pour mettre la dernière main à la définition de sa mission. Jeudi 3 juillet, M. Chirac installera officiellement la commission, dont la lettre de mission sera alors rendue publique.

Le président de la République met ainsi un terme à une succession de déclarations intempestives venues de toutes parts. Il élargit nettement un débat qui s'était polarisé sur la question du voile porté par les jeunes filles musulmanes dans les établissements scolaires. Lui-même n'a pas exprimé de position récente dans cette controverse, autrement que pour énoncer des principes généraux.

"ACTUALITÉ VIBRANTE"

En revanche, M. Chirac avait fait savoir, officieusement mais de façon claire, qu'il était opposé à une révision de la loi de 1905, soucieux d'éviter que ne s'ouvre "une boîte de Pandore". " Cette loi a montré sa grande souplesse et sa capacité à permettre à toutes les religions de s'exprimer ; c'est une loi de consensus qui n'a pas besoin d'être modifiée", soulignent les conseillers du président.

La volonté du chef de l'Etat est de prendre le temps d'un vaste débat public, mené par une quinzaine de "sages", qui auditionneront - sur le modèle de la commission Marceau Long, en 1987, sur le code de la nationalité - les partis politiques, les élus, les autorités religieuses, la société civile, sur ce concept fondateur de la République. Une partie des débats devrait être diffusée à la télévision, afin que l'opinion publique puisse se faire une religion. Ses membres ont été choisis pour leur réflexion intellectuelle sur la laïcité autant que pour leur expérience sur le sujet, frottée à la vie quotidienne, dans l'école, dans l'entreprise ou dans le service public.

En confiant cette mission à M. Stasi - comme il avait demandé à son vieux compagnon Pierre Mazeaud de débrouiller la crise ivoirienne -, M. Chirac s'adresse à un ami de longue date, réputé impartial et homme de dialogue. Le président doit beaucoup à cet ancien camarade de l'ENA, qui lui fit faire le bon choix au moment de la guerre d'Algérie. " Je n'ai pas toujours été d'accord avec lui, mais je lui ai toujours conservé mon amitié. Lui aussi est fidèle et il a toujours accepté que je lui parle franchement", confiait M. Stasi au Monde, en marge de la visite de M. Chirac en Algérie, au mois de mars. Aux yeux de cet humaniste venu de la famille centriste, le chef de l'Etat ne s'est jamais trompé sur l'essentiel : " Il a voté pour l'abolition de la peine de mort et il a toujours été viscéralement antifasciste et anti-Front national", expliquait-il alors, pour éclairer son amitié avec le président.

M. Stasi est donc chargé de coordonner la réflexion sur la question laïque, jugée " d'une actualité vibrante" par le secrétaire général adjoint de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, alors qu'elle " allait de soi il y a vingt ans". Comme il le fait toujours, M. Chirac a beaucoup consulté, depuis des mois, sur la laïcité, observant - ou encourageant comme autant de ballons d'essai ? - les tirs désordonnés de la majorité et les revirements à gauche. Il a vu et écouté les francs-maçons ou le grand rabbin de France qui l'ont, semble-t-il, convaincu qu'il ne fallait pas de loi sur le voile. En 1996, M. Chirac avait pourtant fait part à François Bayrou, alors ministre de l'éducation nationale, de son souhait de voir le gouvernement légiférer contre le port du voile, dans lequel il voyait le symptôme d'un "refus d'intégration dans la société française" et d'un "problème de ségrégation à l'égard des femmes".

A présent, ses collaborateurs estiment que l'équilibre trouvé par l'avis du Conseil d'Etat en 1989 est fragile, mais que la question ne se pose pas de façon binaire - une loi ou pas. M. Chirac souhaite " une évolution constructive, une maturation de l'opinion, qui puisse se traduire en termes opérationnels, pour sortir de manière équilibrée du débat", assurent, avec prudence, ses proches.

"COHÉSION NATIONALE"

" Ce n'est pas un hasard si c'est lui qui reprend ce dossier en main, souligne-t-on aussi dans l'entourage du président. Ce n'est ni Raffarin, ni Ferry, ni Sarkozy, car il considère que c'est de sa responsabilité." Autrement dit, pas une affaire de premier ministre, de ministre de l'éducation ou des cultes, mais de chef de l'Etat, garant des valeurs de la République. " Ce n'est pas un calcul politique de la droite de se saisir de la laïcité, qui était de gauche sous la IIIe, c'est un problème de cohésion nationale", veulent également convaincre les conseillers de M. Chirac. Tout en remarquant le changement de pied de Jack Lang : " En quelques mois, il a dit : "Je me suis trompé, il faut faire une loi''. Il y a sans doute du calcul politique là-dedans, mais aussi la réaction de quelqu'un qui s'est confronté aux réalités en redevenant député."

Le calcul politique est sans doute au monde la chose la mieux partagée. Mais le diagnostic, lui, est incontestable : la laïcité a besoin d'être revisitée si elle veut rester le ciment de "la lutte contre les communautarismes", sur laquelle M. Chirac s'est souvent exprimé. " On voit, parallèlement, la montée d'une recherche identitaire, religieuse ou régionale, en France et la réaffirmation du fait religieux dans le monde. La laïcité, maintenant, intéresse tout le monde", note M. Salat-Baroux, qui insiste pour qu'on ne fasse pas de la religion musulmane une question à part.

La commission doit écrire son rapport - assorti de propositions - avant la fin de l'année. Ce calendrier serré indique qu'elle aura largement déblayé le terrain, de façon volontairement dépassionnée, avant le "grand débat" sur l'éducation du printemps 2004, qui devrait traiter aussi de la laïcité. " On n'est pas du tout dans un débat gauche-droite, assure-t-on à l'Elysée ; mais dans une logique d'équilibre de règles individuelles et de règles communes."

Béatrice Gurrey



La discussion

      marial, de le gars [2003-07-01 20:39:05]
          Apocalyptique, surtout. [NT], de olo [2003-07-01 22:17:52]
          M. Chirac crée la "commission Stasi&qu [...], de le gars [2003-07-01 23:48:34]
              SOURCE, de le gars [2003-07-01 23:50:07]
              Voile à l'école: mes solutions, de le gars [2003-07-01 23:54:04]
                  et la barbe ?, de Adso [2003-07-02 11:25:52]
              "Stasi" ?, de Tintin [2003-07-02 19:11:15]
                  En reponse a votre question:, de le gars (217.99.190.xxx) [2003-07-04 19:20:39]
                      Tour de Babel, de XA [2003-07-04 22:04:41]
                          patate?, de le gars (213.76.126.xxx) [2003-07-04 22:39:08]
                              De toute maniere, rien ne dit que le forum sera vi [...], de le gars [2003-07-05 10:22:48]