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Pour Leopardi, Evolution et péché originel... Imprimer
Auteur : Myster de Kerpolik
Sujet : Pour Leopardi, Evolution et péché originel...
Date : 2003-06-24 17:37:31

Voici quelques éléments de réponse sur le sujet posé ce matin.

L'homme est un être biologique qui appartient au monde naturel: l'Homme est nature. En même temps, par sa spécificité, fabrication d'outils ( outils à faire des outils) la pratique des rites funéraires, le langage conceptuel l'Homme est aussi culture. Attention actuellement les critères de distinction entre l'animal et l'homme, d'un point scientifique, sont en train de se réduire...Or la tentation est aujourd'hui de réduire l'Homme à son animalité. Mais les oeuvres humaines peuvent être le meilleur comme le pire, mais dans le meilleur la construction de civilisation et surtout le fait que l'Homme s'interroge sur lui-même et questionne le bien et le mal, l'être, la liberté, la mort et Dieu montrent que bien qu'il soit nature l'Homme transcende cette nature.

Or la théorie de l'évolution tend a monter une formation progressive et graduelle de l'Homme. Tend à monter seulement car aucune preuve absolue n'est versée dans ce dossier. Aucune mutation connue n'a fait passer aujourd'hui d'une espèce à une autre et un colibacille peut muter autant de fois qu'il veut il reste un colibacille. Or le Pape Jean-Paul II rappelle: "... On peut donc dire d'un point de vue de la doctrine de la foi, il n'y a pas de difficulté à expliquer l'origine de l'Homme, en tant que corps, par l'hypothèse de l'évolution. Il faut ajouter que l'hypothèse ne pose qu'une probabilité, et non pas une certitude scientifique. La doctrine de la foi affirme au contraire, de manière absolument constante que l'âme spirituelle a été créée par Dieu. Il est donc possible, selon l'hypothèse que nous venons d'évoquer, que le corps humain, suivant l'ordre imprimé par le Créateur... ait été préparé graduellement par la forme des êtres vivants qui l'ont précédé. Mais l'âme humaine, dont dépend en définitive l'humanité de l'Homme, étant rationnelle, ne peut être issue de la matière." Jean-Paul II, audience du 16 avril 1986; Documentation Catholique, 1986, n° 10, p. 492.

Je reviens à la science. Le passage d'une espèce à une autre suppose une modification chromosomique et non seulement génique, or le souligne D. Ferembach, colloque international du CNRS 1980: Les processus d'hominisation, p. 364, " ce remaniement chromosomique à l'origine d'un genre, d'une espèce nouvelle, milite en faveur de leur origine monogénique. Une origine polygénique impliquerait que la même modification fût apparue en un autre lieu, où en une autre époque, hasard dont la probabilité est infime." Mais même dans cette dernière et peu probable hypothèse cela voudrait dire que l'expression de la conscience humaine dans sa manifestation la plus haute, l'âme, serait non pas une donnée biologique mais une création divine puisque Dieu se révèlerait " aux hommes " au moment où ils sont justement Hommes. De même le Pr. Lejeune rappelait que l'identité chromosomique au sein de notre espèce fait du monogénisme la solution la moins improbable ( Histoire Naturelle des Hommes, p. 7-8).

Cela implique la notion de " Fils de Dieu " pour tous les hommes qui sont donc tous frères.

Si nous nous reportons à Aristote, loin de tout héritage judéo-chrétien...s'interrogeant sur l'origine de l'intellect humain il constate qu'il n'y a rien de commun avec aucune autre activité corporelle et il( l’intellect ) viendrait " du dehors " (De La génération des animaux, II, 3.) et n'est pas sujet à corruption ( De l'Âme, I, 4).

Les récits bibliques de la création n'ont aucune préoccupation scientifique, ils n'explorent pas le comment, la science, mais le pourquoi, le sens qui est au moins de l'ordre philosophique au mieux de l'ordre théologique, car l'Homme possède dans sa définition qu'il a bien voulu se donner une dimension spirituelle ( OMS ). Ces récits disent quelque chose de l'ordre de la relation privilégiée et en même temps de la dépendance de l'Homme vis à vis de son Créateur.

Or cette dépendance est ontologique ce qui implique une relation incluant la liberté donc l'échange et donc l'acceptation ou le refus. Ontologique, relatif à l'être, or l'être sous tend la relation. Le Dieu chrétien est Un et Trine c'est-à-dire en relation. Cette relation est de l'ordre du don permanent or le don c'est l'amour. Dans sa relation avec l'homme que Dieu a fait advenir pleinement Homme dans cette capacité de reconnaître un Dieu créateur par la conscience de soi et de l'autre au sein de laquelle la conscience de l'Autre, Dieu, est donnée, dans cette relation il y a la liberté qu'implique toute relation avec une conscience ( en ce qu'elle se perçoit, se dit et se définit comme responsable de ses actes) . Cette liberté implique le refus possible de reconnaître l'Auteur de cette conscience advenue à elle-même. En cela le péché originel est l'expression de la forme dévoyée de cette liberté. Or il faut être un humain pour se poser la question du péché originel comme obstacle à la foi, en particulier lorsque surgit cette interrogation pour le nouveau-né.
Il faut être un humain car nous sommes installés dans le temps qui est vécu comme une succession d'instants. Or saint Augustin ( Confessions, XI) nous rappelle que le temps est lié à notre condition est n'est en fait qu'une distension de l'âme. Pour Dieu l'éternité est un éternel présent. Le péché originel est ce que possède chaque homme de par sa liberté de s'opposer à Dieu et de lui dire non, avec tout ce que cela comporte comme atteinte à la vie et aux autres hommes en même temps qu'à Dieu. Notre époque est en cela dramatiquement exemplaire.
Marie est la seule dont le Oui a Dieu est total puisque c'est un Oui pour Dieu lui-même. Un oui prononcé dans notre temps est un oui éternellement présent pour Dieu.
Le sacrifice du Fils, le don de son incarnation, de sa vie publique, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection est le don absolu de Dieu qui revêt notre condition d'Homme pour dire de façon toute humaine son amour divin, au risque de s'entendre dire encore non. Ce non qui est à l'origine de sa mort. Un non éternellement présent de la nature humaine mais un oui éternellement présent pour tous ceux qui auront, à un moment de leur vie, eu le courage, la foi, de dire oui. A la différence du oui de Marie il ne s’agit pas d’un oui pour accueillir Dieu. Nos oui n’ont pas cette dimension.

L' eucharistie réactualise se sacrifice fait une fois, comme mémorial et comme ce qui advient encore car nous sommes des êtres temporels qui avons besoin du don de la présence renouvelée. Dieu se donne une fois pour toute dans son éternel présent mais nous avons besoin de le recevoir dans la succession de nos temps, lui qui se donne pour tous les temps.

Voilà en quelques mots ma réflexion sur ce passionnant sujet. Bon courage et je reste à votre disposition.

Voir les deux petits et remarquable opuscules de l’Abbé Ed. Barbotin, « Évolution et Foi chrétienne » ; et « Dieu Créateur », parus tous deux aux éditions du Laurier.

Excusez moi pour les fautes de frappe.



La discussion

      Pour Leopardi, Evolution et péché or [...], de Myster de Kerpolik [2003-06-24 17:37:31]
          Re : Pour Leopardi, Evolution et péch&eacut [...], de Réginald [2003-06-24 17:52:33]
              principe d'entropie, de EA (194.250.124.xxx) [2003-06-25 12:30:12]
                  Re : principe d'entropie, de Réginald [2003-06-25 13:44:43]
          Mystère de la foi scientiste, de GDB [2003-06-24 23:17:57]
              même pas le même nombre de chromosomes, de EA (194.250.124.xxx) [2003-06-25 12:20:42]