 | Re : Marrant |
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| Auteur : Torquemada |
| Sujet : Re : Marrant |
| Date : 2002-08-12 16:45:54 |
Si vous aviez "lisu" l'ouvrage intitulé Le Christianisme en accusation, qui est un recueil d'entretiens entre Marc Leboucher et René Rémond, vous auriez pu trouver ce témoignage instructif concernant la crise actuelle du catholicisme : "Il faut avouer qu'en près d'un siècle nous avons tant vu bouger le christianisme, changer la société aussi, qu'il nous arrive de ne plus les reconnaître ni l'un ni l'autre. En particulier, nous expérimentons aujourd'hui une situation sans précédent connu avec un christianisme plus minoritaire, dépouillé et fragilisé, hanté comme nous l'avons dit par son propre déclin. Or, il y a seulement quelques décennies - bien peu de temps à l'échelle humaine -, la génération à laquelle j'ai appartenu témoignait d'une réelle fierté d'être chrétiens. Il n'était pas question de déclin ! L'Action catholique du monde ouvrier ou du monde rural comptait alors par dizaines ou centaines de mille des militants nombreux qui n'hésitaient pas à se déclarer « fiers, purs, joyeux et conquérants ». Comme catholiques, nous avions le sentiment d'appartenir à une grande communauté qui n'avait pas à rougir d'elle-même, notre confession religieuse pouvait se réclamer de personnalités et d'un prestige intellectuel qui n'avait rien de surfait : Mauriac, Claudel ou Maritain étaient à nos côtés. La communauté catholique était nombreuse et active. Il y eut ensuite les années de guerre et les suites de la Libération, avec une incontestable euphorie, jusqu'au concile Vatican II. Ainsi deux ou trois générations successives ont grandi dans un climat favorable où elles se sentaient heureuses d'être chrétiennes, sans complexe. Elles avaient aussi l'impression de bâtir l'avenir et de prendre part à la reconstruction de la société. Nous avons déjà évoqué ces militants d'origine chrétienne qui se sont engagés dans les partis, les syndicats, les entreprises pour construire une société nouvelle... On voulait alors tourner la page, parfois peut-être d'une manière un peu injuste pour le passé, mais en tout cas sans volonté de « refaire la chrétienté médiévale ». Beaucoup ont ainsi pris une part active à la modernisation de la France. Alors, comment, si l'on garde un souvenir profond de cette période, même s'il faut se défendre de toute nostalgie, ne pas éprouver du regret à constater le relatif effacement du christianisme ?" (pp. 153-154, édité chez DDB). |
